Microsoft : des jeux vidéo accessibles comme moteurs d’inclusion sociale

Découvrez le parcours inspirant de Philippe Trotin, Directeur de l’accessibilité numérique chez Microsoft. Dans cette interview menée par Nicolas Blum Ferracci, Philippe nous partage son engagement profond pour l’inclusion numérique et nous dévoile comment il œuvre pour rendre les technologies accessibles à tous, en s’appuyant sur son expérience personnelle et professionnelle.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre rôle au sein de Microsoft France ?

Je m’appelle Philippe Trotin et je suis fier de faire partie de l’équipe de Microsoft France depuis plus de 25 ans. Actuellement, j’occupe le poste de Directeur de l’accessibilité numérique, un rôle qui me tient particulièrement à cœur, puisque je peux conjuguer mes compétences techniques avec mon engagement personnel pour l’inclusion, en veillant à ce que les produits et services numériques soient accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap.

Ce qui rend mon travail particulièrement passionnant, c’est la possibilité de voir l’impact concret de nos initiatives sur la vie des gens. Par exemple, en développant des technologies qui simplifient l’utilisation des outils numériques pour les personnes ayant des besoins spécifiques, nous contribuons à leur autonomie et à leur inclusion dans la société.

Mon engagement dans ce domaine est également nourri par mon expérience personnelle, ayant grandi avec une mère non-voyante et étant moi-même dysorthographique. Ces expériences m’ont sensibilisé aux défis quotidiens que rencontrent les personnes en situation de handicap et m’ont motivé à œuvrer pour un monde numérique plus accessible.

Que représente pour vous l’accessibilité numérique ?

L’accessibilité numérique représente un engagement profond envers l’inclusion et l’égalité des chances dans notre société moderne. Professionnellement, elle est au cœur de ma mission chez Microsoft, où je m’efforce de créer des environnements numériques qui ne laissent personne de côté.

Sur le plan personnel, l’accessibilité numérique a une résonance particulière pour moi. J’ai été confronté très tôt aux défis que posent les limitations physiques et cognitives. Par exemple, les outils de correction automatique et de dictée vocale ont été des alliés précieux dans ma vie, me permettant de surmonter mes propres difficultés d’orthographe et de communication écrite.

En rendant les interfaces plus intuitives et les interactions plus fluides, nous créons des environnements numériques qui sont non seulement plus inclusifs, mais aussi plus agréables à utiliser pour tout le monde. C’est un processus qui demande de la créativité et de l’empathie !

Enfin, l’accessibilité numérique est un vecteur de changement social. Elle nous pousse à remettre en question nos préjugés et à adopter une vision plus inclusive de la société.

Y a-t-il eu un moment ou une rencontre professionnelle qui a renforcé votre engagement ?

Après le décès de mon épouse, je me suis retrouvé seul à élever mes trois enfants, dont ma plus jeune fille n’avait que trois ans à l’époque. Cette épreuve m’a poussé à reconsidérer mes priorités et à réfléchir profondément à l’impact que je souhaitais avoir dans ma vie professionnelle.

C’est dans ce contexte que j’ai commencé à m’intéresser de plus près aux questions de handicap et d’accessibilité au sein de Microsoft, une entreprise où je travaillais déjà depuis plusieurs années. Cette implication m’a permis de découvrir l’importance de sensibiliser non seulement les collaborateurs, mais aussi les partenaires et les clients, à l’accessibilité numérique.

Un autre aspect marquant de cette expérience a été ma rencontre avec des associations de personnes en situation de handicap. Ces échanges ont été révélateurs, car ils m’ont permis de comprendre les défis quotidiens auxquels ces personnes sont confrontées. J’ai pris conscience que beaucoup de solutions accessibles existaient déjà, mais qu’elles n’étaient pas suffisamment connues ou utilisées. Cela m’a motivé à travailler sur la diffusion de ces outils et à encourager leur adoption à grande échelle.

Pouvez-vous nous parler d’un projet ou d’une initiative dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis particulièrement fier de notre travail sur la manette adaptative pour les jeux vidéo. Ce projet a été conçu pour offrir une expérience de jeu personnalisable aux personnes en situation de handicap, leur permettant ainsi de s’immerger pleinement dans le monde du jeu vidéo.

Nous avons dû collaborer étroitement avec des experts en accessibilité, des ingénieurs et, surtout, des joueurs en situation de handicap pour comprendre leurs besoins et leurs attentes. Cette collaboration a été essentielle pour s’assurer que la manette répondait réellement aux exigences des utilisateurs finaux.

L’impact de ce projet a été significatif : d’un côté, il a permis à de nombreux joueurs de participer à des compétitions, de se connecter avec d’autres passionnés et de s’exprimer à travers le jeu, ce qui était auparavant difficile, voire impossible, pour certains d’entre eux. D’un autre côté, nous avons pu sensibiliser l’industrie du jeu à l’importance de l’inclusion.

Ce projet a également eu un effet positif sur les communautés locales. Par exemple, en équipant des médiathèques avec ces manettes adaptatives, nous avons permis à des jeunes en situation de handicap de se retrouver dans un espace social et de partager des moments de jeu avec leurs amis.

Quels défis avez-vous rencontrés dans la mise en œuvre de ces initiatives et comment les avez-vous surmontés ?

L’un des premiers défis rencontrés a été la sensibilisation et l’engagement des équipes. Il a fallu déployer des efforts considérables pour éduquer et informer, en expliquant pourquoi l’accessibilité est cruciale non seulement pour les utilisateurs en situation de handicap, mais aussi pour améliorer l’expérience utilisateur globale. Pour surmonter ce défi, nous avons organisé des sessions de sensibilisation régulières, des formations et des ateliers pratiques.

Un autre défi majeur a été d’intégrer l’accessibilité dans les processus existants. Pour y parvenir, nous avons commencé par intégrer les bonnes pratiques d’accessibilité dès les phases de design et de développement des nouveaux projets. Cela a impliqué de travailler en étroite collaboration avec des experts en accessibilité, dès le début des projets, pour s’assurer que les critères d’accessibilité étaient respectés. Cette approche proactive a permis d’intégrer progressivement l’accessibilité sans perturber les équipes, tout en garantissant que les nouveaux produits et services étaient conçus pour être inclusifs dès le départ.

Quel impact ces initiatives ont-elles eu sur Microsoft et ses collaborateurs ?

En intégrant l’accessibilité au cœur de ses projets, Microsoft a non seulement renforcé son engagement envers l’inclusion, mais a également transformé la manière dont ses employés perçoivent et interagissent avec la technologie. Ces efforts ont permis de créer un environnement de travail plus inclusif, où chaque employé, quelle que soit sa situation, peut contribuer pleinement et efficacement.

Sur le plan externe, les efforts de Microsoft en matière d’accessibilité ont renforcé sa réputation en tant qu’entreprise socialement responsable et engagée dans l’inclusion. En rendant ses produits et services plus accessibles, Microsoft a non seulement amélioré l’expérience utilisateur pour ses clients, mais a également montré l’exemple à d’autres entreprises du secteur technologique.

Comment voyez-vous l’avenir de l’inclusion numérique et de l’accessibilité chez Microsoft et dans le secteur en général ?

Chez Microsoft, l’objectif est de faire de l’accessibilité une norme intégrée, où chaque produit et service est conçu pour être utilisable par tous, indépendamment des capacités physiques ou cognitives des utilisateurs.

Dans le secteur technologique plus large, l’inclusion numérique est de plus en plus reconnue comme un facteur clé de succès. Les entreprises commencent à comprendre que l’accessibilité ne se limite pas à respecter des normes légales, mais qu’elle représente une opportunité d’élargir leur marché et d’améliorer l’expérience utilisateur pour tous.

Les défis sont nombreux, notamment en termes de sensibilisation et de formation des équipes, mais les bénéfices potentiels sont considérables. En intégrant l’accessibilité dès le début des projets, les entreprises peuvent non seulement éviter des coûts de mise à jour ultérieurs, mais aussi se positionner comme des leaders dans un marché de plus en plus compétitif.

L’un des aspects les plus passionnants de l’avenir de l’accessibilité est l’impact potentiel des nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle et la réalité augmentée. Ces technologies offrent des possibilités inédites pour créer des expériences utilisateur plus immersives et personnalisées, qui peuvent être adaptées aux besoins spécifiques de chaque individu. Par exemple, l’intelligence artificielle peut être utilisée pour développer des outils de reconnaissance vocale plus précis, des interfaces utilisateur adaptatives, ou encore des systèmes de navigation pour les personnes malvoyantes.

Quelles ressources recommanderiez-vous à quelqu’un qui souhaite s’initier à l’accessibilité numérique ?

Je recommande le portail de Microsoft dédié à l’accessibilité, qui contient des formations gratuites et des ressources sur l’accessibilité numérique. C’est un bon point de départ pour comprendre les enjeux et les bonnes pratiques en matière d’accessibilité. Ces ressources sont conçues pour être accessibles à tous, quel que soit le niveau de connaissance préalable, et elles sont régulièrement mises à jour pour refléter les dernières avancées et bonnes pratiques dans le domaine.

En parallèle, il est également bénéfique de se plonger dans des guides pratiques qui détaillent les normes et les critères d’accessibilité. Par exemple, les directives pour l’accessibilité des contenus Web (WCAG) sont une référence incontournable, qui sont disponibles en ligne et sont souvent accompagnées d’exemples concrets qui illustrent comment appliquer ces principes dans des contextes réels.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui hésiterait à intégrer l’accessibilité numérique dans son projet ?

Je dirais qu’il est important de démystifier l’accessibilité numérique et de comprendre qu’elle concerne tout le monde. 18 % de la population active est en situation de handicap, et 80% des handicaps sont invisibles. Travailler sur l’accessibilité, c’est aussi travailler pour soi-même, car nous pourrions tous avoir besoin de ces aménagements un jour.

L’accessibilité est une opportunité d’inclusion et d’amélioration pour tous. En intégrant l’accessibilité dès le début, on s’assure que les solutions développées sont utilisables par le plus grand nombre, ce qui est bénéfique pour l’ensemble de la société.

Pour aller plus loin…

Si vous souhaitez mettre en place des actions pour favoriser l’inclusion et l’accessibilité numérique, mais que vous ne savez pas par où commencer, demandez conseil à nos experts accessibilité via l’adresse mail contact@warren-walter.com. 💡

Et pour plus d’informations sur nos prestations en accessibilité, on vous donne rendez-vous sur notre page dédiée à l’Accessibilité Numérique. 🧐