Retour sur la table ronde “L’accessibilité numérique : un enjeu majeur”

Journal de l'accessibilité

30 minutes de lecture passionnante !

Publié le 23 juin 2025 par Mélanie Coltel

Replay de la table ronde accessibilité numérique : enjeux, bonnes pratiques et retours d'expérience avec Babilou, SNCF Connect, Dartagnan et Warren Walter.

Le 28 mai dernier, Dartagnan et Warren Walter ont co-organisé une table ronde engagée, avec les retours d’expériences de Babilou et SNCF Connect & Tech, autour d’un sujet crucial : l’accessibilité numérique. Une rencontre riche d’enseignements et de retours d’expérience, à l’heure où l’European Accessibility Act s’apprête à entrer en vigueur. Dans cet article, découvrez ce qu’il faut retenir de cette table ronde et visionnez le replay (transcription disponible à la fin de l’article) !

Pourquoi enclencher une démarche d’accessibilité numérique maintenant ?

Aujourd’hui, plus de 100 millions de personnes vivent avec un handicap en Europe. Et pourtant :

L’accessibilité numérique n’est pas un luxe, mais une nécessité. C’est pourquoi nous avons souhaité vous partager des retours d’experts aux profils variés :

Inaccessibilité et non conformité : impacts, obligations et sanctions

Un parcours numérique inaccessible provoque non seulement un sentiment d’exclusion, de la frustration et des abandons utilisateurs, mais impacte aussi votre image de marque.

En plus de l’impact humain et réputationnel, s’ajoute un cadre légal qui se renforce au fil du temps. Actuellement :

Risques en cas de non conformité légale :

1) Secteur public : Jusqu'à 50 000 € d'amende tous les 6 mois par site et app. Des amendes additionnelles peuvent s’y ajouter.

2) Secteur privé : Jusqu'à 25 000 € d'amende tous les 6 mois par site et app pour les entreprises faisant 250 millions d’€ de CA ou plus. Des amendes additionnelles peuvent s’y ajouter.

Et à partir du 28 juin 2025, une nouvelle sanction européenne s’applique pour les services à destination de consommateurs (B2C) : possible astreinte journalière de 3 000 € avec un maximum cumulé de 300 000 €.

Les secteurs concernés :

Plus de détails sur les exigences par secteur dans notre Newsletter Accessibilité.

Quelles sont les erreurs d’accessibilité les plus fréquentes et comment les éviter ?

Découvrez 10 conseils pratiques issus de cette table ronde, dans l’article de Dartagnan.

Les enseignements clés : Babilou et SNCF Connect

Au-delà des bonnes pratiques, ce sont souvent les retours terrain qui éclairent le mieux la réalité d’une démarche d’accessibilité numérique. Deux entreprises engagées ont partagé leur parcours, chacune accompagnée par son partenaire : Babilou avec Warren Walter, et SNCF Connect & Tech avec Dartagnan.

Babilou : revenir aux fondamentaux pour bâtir une culture pérenne

Chez Babilou, l’accessibilité numérique s’est imposée comme une évidence : en tant qu’entreprise à mission, accueillant chaque jour des familles aux profils variés dans ses crèches, elle souhaitait offrir cette même inclusion sur ses supports digitaux.

Avec l’accompagnement de Warren Walter, l’entreprise a opté pour une stratégie pragmatique et progressive :

SNCF Connect : intégrer l’accessibilité au cœur des processus

Chez SNCF Connect, l’accessibilité est abordée comme un enjeu collectif et humain, qui dépasse le cadre technique. L’entreprise a mis en place :

Ce que l’on retient de cette table ronde, c’est que l’accessibilité n’est pas une contrainte, mais un levier de qualité et d’inclusion pour toutes et tous. Lorsqu’elle est pensée dès la conception, portée collectivement et accompagnée d’experts et des bons outils, les équipes peuvent s’en emparer plus sereinement et plus durablement. Et les bénéfices se voient vite : moins d’erreurs d’accessibilité, plus d’inclusion, des parcours digitaux plus fluides, et une vraie fierté partagée.

Visionnez le replay et accédez à sa transcription

Transcription de l’événement

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Bonjour à tous, merci pour votre présence et bienvenue à notre table ronde qui sera consacrée aujourd’hui à un sujet essentiel mais malheureusement encore trop souvent négligé : l’accessibilité numérique.
C’est vrai qu’on est dans un monde de plus en plus digitalisé et on se doit, on a une responsabilité collective, les entreprises, les institutions, les développeurs, les designers, les décideurs… de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté.
L’accessibilité numérique ce n’est pas seulement une question légale, une obligation légale, ce n’est pas non plus une seule contrainte technique, c’est un coût, une valeur d’inclusion, et je dirais aussi un engagement éthique.
Alors, je disais justement de ne laisser personne de côté : en fait, si on prend juste quelques chiffres : aujourd’hui en Europe, on a à peu près plus de 100 millions de personnes qui sont en situation de handicap. Et si on regarde les supports numériques on va dire “majeurs”, les sites par exemple, et bien parmi les sites les plus utilisés, 96 % d’entre eux sont considérés comme inaccessibles. Si on fait un focus sur un des canaux majeurs de communication, l’e-mail marketing, et bien on se rend compte que 99,97 % des e-mails qui sont envoyés comportent des erreurs graves ou critiques d’accessibilité. On sait aujourd’hui aussi que les environnements mobiles sont de plus en plus développés et donc il est aujourd’hui complètement inconcevable que cette notion d’accessibilité ne soit pas prise en compte.
Alors si on prend une petite timeline, c’est vrai que chez JustRelate on a toujours fait en sorte d’avoir cette notion d’accessibilité au centre de nos préoccupations, que ce soit au travers de nos outils, si on parle de l’e-mail builder Dartagnan, on fait en sorte que le code HTML qui est généré par l’e-mail builder justement prenne en compte toutes ces notions d’accessibilité, mais j’ai envie de dire, pas seulement au travers des outils, mais au travers des hommes également, puisque par exemple quand on a des équipes design qui vont accompagner nos clients dans un projet de refonte graphique de leurs e-mails par exemple, et bien toutes ces notions d’accessibilité sont complètement au cœur du process. Donc c’est plutôt naturellement, quand on s’est rencontrés il y a quasiment un an maintenant, il y a eu un match assez rapide avec Warren Walter. Donc, Warren Walter est une société engagée pour un monde digital accessible et inclusif. Et donc je le disais, forcément, il y avait eu un match très rapide, Warren Walter nous accompagne sur toutes ces notions d’accessibilité numérique, il y a toujours des choses à optimiser bien évidemment, et puis aussi Warren Walter accompagne certains de nos clients sur tous ces enjeux-là.
Et puis on va y revenir, bien évidemment, c’est aussi la raison pour laquelle on voulait voir cela aujourd’hui tous ensemble. Et bien l’European Accessibility Act, l’échéance se rapproche puisque la loi entrera en vigueur le 28 juin 2025.
Bonjour à tous, donc moi je suis Nicolas, je suis directeur général chez JustRelate France, et aujourd’hui je suis accompagné de beaucoup de monde autour de la table, autour du canapé plutôt. Donc on va commencer avec Warren Walter, Mathieu je te laisse te présenter. »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Bonjour à tous et toutes, donc Mathieu, je suis Expert en accessibilité numérique depuis 9-10 ans, je suis ancien Développeur front-end, et donc j’accompagne nos clients dans la mise en conformité en accessibilité numérique. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Un autre Matthieu, on en a beaucoup aujourd’hui, chez Dartagnan. »

Matthieu Karolewicz (Dartagnan) : « Bonjour à toutes et à tous, moi c’est Matthieu Karolewicz du coup, je suis le Product Manager de Dartagnan depuis un peu plus de 6 ans maintenant, et mon rôle par rapport à l’accessibilité ça va être essentiellement de faire la passerelle entre les besoins de nos clients et les équipes design et techniques pour venir intégrer des fonctionnalités dans la solution qui vont aider à créer des e-mails accessibles. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Alors justement, en parlant de nos clients, on a la chance aujourd’hui, et merci beaucoup pour votre présence, d’être accompagnés de Babilou et SNCF Connect. Alexia ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Oui, bonjour ! »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Bonjour ! »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Du coup, moi, je suis Alexia Nicolas, Head of Marketing chez Babilou Family. Donc Babilou Family, c’est un des leaders mondiaux de l’éducation dans le monde, et donc notre métier c’est de créer et d’opérer des établissements, donc des crèches ou des écoles, dans les 10 pays dans lesquels on est implantés. Et moi, j’ai travaillé pas mal d’années dans les équipes France, j’ai fait plusieurs postes, dont à un moment donné Responsable des projets web, et c’est là que j’ai découvert du coup le sujet de l’accessibilité numérique. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Alors on va commencer avec toi, Thibaut ? »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Oui, moi je suis Thibaut Bouvet Jouis, je travaille chez SNCF Connect & Tech, et plus particulièrement pour la marque SNCF Connect qui reprend l’agence de voyage et l’application de mobilité, donc tout en un. Et je suis CRM Manager dans les équipes de SNCF Connect. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Et troisième Matthieu ? »

Matthieu Bonnet (SNCF Connect) : « Donc Matthieu Bonnet, je suis Intégrateur e-mail et Spécialiste d’accessibilité chez SNCF Connect & Tech, et mon rôle c’est d’accompagner les équipes de Thibaut dans leur intégration et aussi dans toutes leurs démarches d’accessibilité de leurs campagnes. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Encore merci d’être avec nous aujourd’hui, on se lance dans le vif du sujet. Alors, je vais avoir une première question qui va plutôt s’adresser à toi Mathieu. Finalement, quels sont les impacts négatifs d’un parcours numérique non accessible ? »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Les impacts négatifs sur un parcours numérique inaccessible, ça va être l’exclusion de certaines personnes, la perte d’autonomie, une frustration aussi engendrée par l’inaccessibilité des contenus. On a aussi la partie plus légale et aussi la partie discrimination. Et à la fin, quand on fait un contenu inaccessible, que ce soit un parcours utilisateur, un tunnel, une vidéo, etc., on a aussi un abandon utilisateur. Donc ça c’est le côté humain. Et on a aussi le côté entreprise, où justement, comme on va créer de l’inaccessibilité, on va justement avoir un impact négatif sur l’image de marque. Mais aussi, on le verra après, on s’expose à des sanctions légales, puisque l’accessibilité c’est un droit légal, comme tu l’as introduit au début. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Alors justement, si on prend ce prisme légal, quelles sont les obligations et les normes finalement en accessibilité numérique ? »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Alors, il faut savoir que l’accessibilité c’est un vieil ami du web, même c’est un vieil ami du numérique. Les premières règles dont je vais parler, c’est les WCAG, donc Web Content Accessibility Guidelines. Elles ont été créées en 1999, donc c’est quand même assez vieux, ça a 26 ans. Et justement, ils ont pensé certaines règles par rapport aux personnes handicapées. Donc ça c’est les règles internationales. Et maintenant, toutes les normes utilisent les WCAG comme base pour faire des règles d’accessibilité. En France, on a le RGAA, c’est le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité, qui est basé sur les WCAG. On est aux WCAG 2.1, le RGAA se base sur les WCAG 2.1. Et ça c’est les règles, on va dire la norme française, et elle vient tester justement les critères d’accessibilité WCAG. Pour le mobile, c’est tout nouveau, on a le RAAM, c’est le Référentiel d’Accessibilité des Applications Mobiles, qui a été créé par le Grand-Duché de Luxembourg. Et justement, ça nous aide maintenant, comme tu l’as dit au début, on est de plus en plus dans un monde numérique, mais aussi on utilise et on consomme énormément sur smartphone. Et donc il faut prendre en compte aussi les règles mobiles, parce qu’avant c’était surtout sur les règles web. Donc voilà, maintenant on a tout un package web et mobile. Et tout ça en… Excusez-moi, je suis un petit peu long. Donc en fait, on a la norme européenne qui se base sur les WCAG et qui oblige les pays membres à faire de l’accessibilité, donc à respecter les WCAG. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Et alors, si on ne respecte pas, qu’est-ce qui se passe ? »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Donc si on ne respecte pas, comme je l’ai dit et comme tu l’as introduit aussi, on a des sanctions qui peuvent arriver, donc on va payer des amendes. Donc il faut savoir que l’accessibilité numérique, au tout début, elle était orientée pour les secteurs publics, donc les sites étatiques, les sites de mairie, etc. Et en France, on a un cadre légal qui dit que si on a un manque d’accessibilité sur les sites et les applications, on encourt une sanction jusqu’à 50 000 euros tous les 6 mois par site et par application. Donc là, il faut voir un effet boule de neige, parce que par exemple, si vous êtes un service public avec 10 sites, vous allez payer 10 fois 50 000 euros, potentiellement. Pour le privé, l’amende, c’est un petit peu moins, et en plus, le cadre est un peu plus précis, c’est 25 000 euros d’amende tous les 6 mois par site et par application. Donc là, on a toujours l’effet boule de neige, mais là, pour le moment, ça s’adresse aux entreprises qui font 250 millions de chiffre d’affaires ou plus. Tout ça va changer, ou est en train de changer, avec la loi qui arrive, l’EAA, donc l’European Accessibility Act, qui rentre en jeu en juin 2025, où justement, là, on est sur un chiffre d’affaires à 2 millions d’euros. Alors, il y a un cadre aussi, après, mais on pourra rentrer dans le détail après. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « En effet, le cadre de l’EAA qui va évidemment faire bouger les choses, mais ici, encore une fois, si on reprend les chiffres du début, il est tout simplement de bon sens de prendre ces notions d’accessibilité à cœur dans l’ensemble de nos projets et nos parcours numériques.
Alors, du coup, il serait peut-être intéressant pour nos auditeurs qu’on puisse rentrer un peu plus dans les détails, et finalement sur les supports, et regarder quelles sont les erreurs les plus fréquentes qu’on peut constater, que ce soit sur du site ou de l’app, par exemple. »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Donc, les erreurs les plus fréquentes, donc ce n’est pas nous, experts ou expertes en accessibilité qui les sortons de notre chapeau, on se base sur les statistiques, vous avez la source en bas de la slide, donc c’est le WebAIM qui a fait ces statistiques-là, ils font tous les ans un test sur un million de pages d’accueil, toutes langues confondues, et ils sortent des statistiques, donc ils font des tests automatiques, donc là, tout ce qu’on vous montre, c’est des erreurs automatiques qui sont remontées par des outils, qu’on va vous présenter après, et elles sont classées par ordre. Donc, la première erreur qu’on a en accessibilité, c’est les contrastes de couleurs qui sont faibles, donc il faut absolument travailler vos contrastes de couleurs. Ensuite, on a les images qui n’ont pas d’alternatives textuelles, on rentrera dans le détail après, on a les formulaires aussi qui n’ont pas de label ou pas d’étiquette, par exemple, si vous avez un formulaire “prénom” avec le champ en dessous, le prénom, c’est ça l’étiquette. On a les liens et les boutons vides, on a la langue de document manquante, donc c’est assez technique là-dessus, mais vos développeurs et intégrateurs savent de quoi on parle, et après, on a aussi testé la navigation au clavier, uniquement, parce qu’il faut savoir que certaines personnes ne peuvent pas ou n’utilisent pas la souris, et donc elles vont utiliser le clavier uniquement, donc il faut aussi tester tout ça, et après, on a l’arborescence et la structure des titres qui est aussi une erreur.
Ici, on vous présente justement certaines erreurs, donc là, je vous parlais de la première, les problèmes de contrastes de couleurs, donc si vous arrivez à lire l’image de gauche, vous avez de super yeux, bravo à vous, mais normalement, on va essayer de travailler les contrastes de couleurs pour justement les faire ressortir. Donc, les contrastes de couleurs, c’est toujours un calcul de binôme, on calcule la couleur du texte, mais aussi la couleur du fond, c’est jamais l’un ou l’autre, c’est vraiment les deux ensemble. Et donc là, on vous projette justement un bon et un mauvais exemple.
Ici, on va en parler aussi un petit peu après, mais là, c’est très technique, les captchas sur les formulaires. Les captchas, c’est pour valider votre inscription, votre soumission, etc., il faut savoir que les captchas, c’est vraiment l’enfer, et je pèse mes mots quand je dis ça, pour les personnes qui sont en situation de handicap, notamment les personnes aveugles, parce que justement, les captchas, c’est très visuel, et souvent, quand on a une alternative audio, l’alternative audio, elle n’est pas si bien faite que ça, donc faites attention aux captchas, parce que ça peut être très compliqué pour certaines personnes.
Et là, le dernier exemple, je vais parler des formulaires. Ici l’exemple c’est qu’on a l’information qui est uniquement donnée par la couleur sur les champs en erreur, donc on voit nous, visuellement, on le voit avec un liseré rouge, mais en fait, il faudrait amener aussi une forme, donc avec une croix ou une bordure plus épaisse, etc., et aussi des messages d’erreur explicites. Donc là, on a par exemple ici, adresse de livraison qui est en erreur, il faudrait donc une erreur qui dit : “le champ adresse de livraison est en erreur”. C’est plein de bon sens, comme tu l’as dit au début, et de bonnes pratiques aussi. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Je me tends vers toi, Matthieu, parce qu’on parle de site, on parle d’app, on sait que le canal de l’e-mail est un canal majeur aussi pour les marques, c’est un canal majeur de communication, quand on parle d’e-mail marketing, mêmes questions finalement que pour Mathieu : quelles sont les erreurs les plus fréquentes qu’on peut voir en e-mail ? »

Matthieu Karolewicz (Dartagnan) : « Finalement, on va retrouver en grande majorité les mêmes erreurs : problèmes de lisibilité des textes avec les problèmes de contraste, de taille de police, d’interlignage, la hiérarchie des textes qui est absente, certaines notions techniques avec les rôles sur certaines balises, notamment les tableaux dans l’e-mail. Mais la particularité de l’e-mail, ça va être les contenus textes intégrés dans les images. On trouve parfois des e-mails en full images où les textes sont intégrés dans les images, et ça, les liseuses, pour les personnes malvoyantes, ne sont pas capables d’aller lire le texte qui est intégré dans ces images. Ça, ça va vraiment être le point spécifique à l’e-mail. Et après, globalement, ça va être les mêmes choses qu’on va retrouver et qu’on va pouvoir traiter avec Dartagnan.
Là, on voit un exemple typique sur la partie lisibilité dans l’e-mail, où on va avoir sur l’image de gauche un texte transparent, en plus avec un fond de couleur différente, parce qu’il y a une image derrière. Donc un texte transparent avec une bordure noire, une typo spéciale un peu calligraphiée, très difficile à lire pour les personnes notamment dyslexiques, des CTA qui n’ont pas de label précis. C’était un “cliquez ici”, on ne sait pas exactement ce qui se passe derrière une fois qu’on a cliqué dessus. À droite, on a la version on va dire “optimisée pour l’accessibilité”. On va vraiment travailler sur les contrastes, le texte noir sur blanc ou noir sur bleu qui reste toujours lisible, une typo sans serif, donc pareil, plus facilement lisible, un retravail sur l’interlignage aussi, et sur les CTA avec un label, cette fois-ci, beaucoup plus précis qui explique l’action qui va être réalisée après le clic. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Ok. Alors, Alexia, Thibaut, Mathieu, à votre tour. Peut-être une première question. Finalement, quand est-ce que vous avez pris conscience de la problématique autour de l’accessibilité ? Alexia, on commence avec toi ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Moi, ça devait être il y a à peu près 2-3 ans, grâce à nos clients, à un de nos clients, parce que du coup, chez Babilou, on a beaucoup de clients qui réservent des places en crèche pour leurs salariés parents, donc des clients de toute taille, de tout type de secteur d’activité. Et on a parfois des clients bien plus avancés que nous sur certains sujets, notamment des sujets digitaux. Et il y a un de nos clients, un jour, qui nous a demandé qu’est-ce qu’on faisait, nous, Babilou, pour l’accessibilité numérique ? Quels étaient nos scores d’accessibilité ? Et s’en est suivi une phase où on se renseigne, on se documente, on se rend compte qu’en fait, c’est une obligation légale qu’on ne respecte pas. Et très rapidement, en interne, on s’est dit qu’en fait, de par nos valeurs, notre raison d’être, le fait qu’on soit aussi entreprise à mission, c’est inconcevable qu’on ne prenne pas en compte le sujet. Et donc, c’est comme ça, finalement, qu’on l’a pris. Et on a aussi très vite fait le parallèle avec ce qui se passe dans nos crèches. Dans nos crèches, on accueille tout type de famille avec leurs différences, avec leur handicap, avec leur situation personnelle. Et donc, il fallait qu’on arrive à reproduire la même chose, en tout cas, sur nos outils et supports numériques. »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Et chez SNCF Connect, également de par nos clients, parce qu’on a 20 millions de clients par an qui commandent sur l’application ou sur le site. Donc, il y a une prise de conscience assez tôt. Dès 2015, il y a une équipe d’accessibilité qui a été mise en place chez SNCF Connect, qui est composée de cinq personnes aujourd’hui et qui s’occupe du coup d’aller vérifier, d’aller travailler ces problématiques dans toute l’entreprise. Et typiquement, sur la fin 2022, quand on a lancé la nouvelle application SNCF Connect, elle me faisait le retour que c’était tous les sujets d’accessibilité qui étaient les plus testés et les plus recettés. C’était la priorité, presque numéro un, sur l’application. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Ok. Et alors, j’imagine qu’une fois cette prise de conscience, on va dire, vous avez commencé dans un certain nombre de projets, j’imagine que ça s’est pas fait en un jour non plus. Et finalement, quel est le type de défi auquel vous avez été confrontés ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Moi, je dirais que le premier défi, ça a été de trouver les bons partenaires pour nous accompagner. Parce que quand on a voulu se lancer, on s’est rendu compte que le sujet de l’accessibilité, c’était un mix de technique, de création de contenu, de design aussi, et qu’on n’avait pas forcément les compétences en interne. Donc, on a rencontré plusieurs experts, et c’est là qu’on a rencontré Mathieu de Warren Walter, qui nous a accompagnés, en tout cas, dans ces sujets. Parce qu’au-delà de l’accessibilité, il y avait une vraie volonté aussi de sensibiliser le plus grand nombre qui nous a plu. Le deuxième défi, je dirais, ça a été de prioriser. Parce qu’on avait en interne, en tout cas, beaucoup de sites, d’applications, on ne pouvait pas tout traiter en même temps. Donc, on a fait le choix, en tout cas, de se focaliser sur nos deux sites principaux qui couvraient les plus larges audiences. Et le troisième défi, ça a été d’avoir une équipe pluridisciplinaire dès le début, qui mixe à la fois, oui, le digital et la technique, mais aussi les ressources humaines, qui portent beaucoup de ces sujets-là en interne, tous les sujets d’inclusion et de handicap, et les équipes communication et marketing qui travaillent sur tout ce qui est production de contenu. Donc, dès le début, on a fait ce choix d’intégrer tout le monde dans les kick-offs, dans les restitutions d’audits et de contre-audits. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Et de votre côté ? »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « De notre côté, nous, on a eu affaire à des problèmes au niveau de la formation des chargés de campagne, parce que l’accessibilité, ce n’est pas quelque chose qui est pris en compte dans la formation de chef de projet numérique. Du coup, on a eu des problèmes au niveau de la formation, au niveau de l’accompagnement aussi, parce que si on n’a pas quelqu’un, quand on est jeune, qu’on n’a pas quelqu’un dans notre entourage qui a un besoin d’accessibilité numérique, ce n’est pas forcément une notion qui nous vient tout de suite. Donc, leur faire prendre conscience qu’effectivement, un jour, on aura tous besoin peut-être d’avoir un peu d’accessibilité parce qu’on porte des lunettes, parce qu’on vieillit, parce qu’on a un accident de la vie malheureusement. Donc, ça a été ça. C’est l’accompagnement des équipes au jour le jour. »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Un autre défi qu’on a relevé, qu’on a essayé de relever au jour le jour aussi, ça doit être de réussir à jongler entre les contraintes marketing et les exigences d’accessibilité. On sait qu’on a des campagnes marketing qui peuvent être parfois dures à retranscrire dans des newsletters parce qu’elles vont utiliser des typographies spécifiques ou elles vont être très visuelles. Du coup, chez SNCF Connect, on a mis en place des référents accessibilité dans les équipes. Donc, je le suis sur la partie CRM et il y a également le manager du studio graphique qui l’est. Dès le début de la campagne, on travaille ensemble pour être sûrs de pouvoir retranscrire la campagne marketing de manière la plus accessible dans les newsletters. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Ok. Alors, on parle de prise de conscience, on parle de défi et finalement, concrètement, quelles actions vous avez mis en place ? Alexia, peut-être ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Nous, on est reparti sur les basiques. Donc, ça veut dire qu’on a audité nos sites. On a fait des audits d’accessibilité. On s’est rendu compte qu’on n’était pas accessible. Ensuite, ça a donné lieu à des plans de remédiation avec des corrections qu’on a étalées dans le temps avec un objectif de se dire qu’en année une, on veut au moins être partiellement conforme. Et après, on a aussi eu tout un volet de sensibilisation et de formation. Donc, la première année avec Warren Walter, on a sensibilisé en tout cas tous nos collaborateurs qui sont en crèche ou au siège au sujet de l’accessibilité numérique avec des sensibilisations périodiques et tous les ans, on fait des piqûres de rappel pour parler du sujet, pour parler des nouveautés, et aussi de ce que les équipes ont fait en interne, pour pouvoir valoriser tout ça. »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Chez SNCF Connect, les actions mises en place d’un point de vue entreprise, il y a une équipe accessibilité qui travaille au quotidien sur ces sujets. Dans chaque direction, il va y avoir des référents qui vont faire redescendre également ces sujets pour infuser l’accessibilité dans toute l’entreprise. Et plus particulièrement sur la partie CRM, on a fait auditer une partie de nos e-mails en 2023 par exemple. Donc là, plusieurs problèmes en sont ressortis. Et finalement, on a fait une refonte de la charte graphique de notre newsletter en 2024, donc une année plus tard. Et là, on a pu prendre en compte tout ce qui ressortait de cet audit, pour justement avoir une charte graphique travaillée dans Dartagnan avec des modules très accessibles et vérifiés par l’équipe accessibilité. Également, un autre point qu’on a mis en place, c’est pour les équipes CRM, les équipes chargées de campagnes, dans l’onboarding, pour celles et ceux qui arrivent chez SNCF Connect, Mathieu leur dispense une formation sur l’accessibilité, des bonnes pratiques, de ce qu’on a pu voir dans les slides précédentes, pour justement que chaque chargé de campagne qui arrive dans l’entreprise ne découvre pas le sujet par lui-même mais que ce soit cadré dès son arrivée. »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « Tous les deux mois, il y a des sessions de formation qui sont organisées par l’équipe accessibilité pour tous les collaborateurs : qui veut s’inscrit. Et effectivement, dans l’onboarding des nouveaux chargés de campagne, j’ai une très très longue partie sur l’accessibilité, sur les erreurs les plus fréquentes que tu nous as remontées tout à l’heure, pour vraiment les sensibiliser là-dessus. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Vous avez combien de personnes au sein de l’équipe accessibilité chez SNCF Connect ? »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Oui, une équipe de 5 personnes. »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « Et on a un testeur en situation de handicap aussi qui nous fait des nouveaux tickets dès qu’il rencontre un problème. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Très bien. Je vous propose de passer sur les bonnes pratiques. Ce qui va certainement intéresser les auditeurs. Donc, peut-être un premier point : finalement, est-ce qu’il existe des outils qui vont nous permettre d’adresser ces sujets ? »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Oui, il existe des outils. Le premier que je vous présente s’appelle WAVE. C’est un plugin ou une extension que l’on ajoute dans le navigateur. Donc là, on a mis Chrome ou Firefox. Personnellement, c’est un plugin que j’apprécie énormément. Quand vous allez l’installer, c’est en quelques clics, vous allez charger une page et le plugin va s’activer. Vous cliquez dessus et ça va vous ouvrir un panneau sur la droite, je crois, et il va vous remonter toutes les erreurs automatiques qu’il a faites. Je vous le disais au début, c’est entre 25 et 30 % des erreurs en accessibilité qu’il va remonter. Il peut les détecter automatiquement. Il va vous remonter si vous avez des problèmes de contraste de couleurs, des problèmes sur les titres, la structure des titres, sur les boutons, etc. Le deuxième, c’est WCAG Contrast Checker. C’est en anglais, mais c’est pour tester les contrastes de couleurs. Vous allez rentrer la couleur de texte, la couleur de fond, et il va vous dire si c’est ok ou pas, il va aussi vous proposer des solutions de corrections, donc ça c’est pas mal. Plus technique, donc là on s’adresse plus à des profils techs, donc intégrateurs, intégratrices ou développeurs et développeuses, c’est le Validateur W3C où on va donner le code de la page et il va nous sortir les erreurs. On va devoir les corriger après. Le quatrième, c’est Accessibility Insights. Ça a été fait par Microsoft et c’est un plugin qui est sur mobile, Windows et Chrome. En bonus, on vous donne deux outils pour tester sur mobile qui s’appellent Google Accessibility Scanner pour Android, et sur Mac dans Xcode, on a un module qui s’appelle “Accessibility Inspector”. On clique dessus et ça remonte les erreurs automatiques. Même si l’on n’a pas un profil technique, on peut quand même faire de l’accessibilité : que l’on soit un profil marketing, communication, chef de projet, on peut faire de l’accessibilité. Ce n’est pas réservé qu’aux techs. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « On regarde un exemple concret d’optimisation. Alexia ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Donc ça, c’est quelques exemples à l’issue de l’audit qu’on avait fait. Sur la partie technique, il y avait eu pas mal de choses qui avaient été faites directement dans le code du site : revoir la hiérarchisation des titres, avec le balisage des pages pour permettre une navigation au clavier qui n’était pas forcément possible avant. On a revu aussi nos captchas. Mathieu en parlait juste avant. On avait des captchas qui n’étaient pas accessibles et donc potentiellement des utilisateurs ne pouvaient pas soumettre une candidature, pas faire de demande de place en crèche. Ça a été retravaillé. On s’est rendu compte dans l’audit qu’on avait une charte graphique qui n’était pas suffisamment contrastée pour répondre aux critères d’accessibilité. On a mis en place un mode contrasté sur le site. Il y a eu aussi pas mal de travail fait par les équipes communication et marketing sur tout ce qui était le contenu parce qu’on avait des vidéos pas toujours avec des sous-titres. On a retravaillé la mise à disposition de transcriptions. Ce sont des exemples qu’on a pu mettre en place suite à cet audit. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Exemple suivant, je pense ? »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « À gauche, on a un exemple d’un mail qui s’est fait auditer en 2023 et qui avait été remonté, puisqu’on a des textes sur une image qui est dans un background. On ne peut pas mettre d’alternative textuelle sur un background, du coup l’alternative textuelle se trouve dans le petit cadre orange. Le problème, c’est qu’il n’a pas passé le contrôle, car l’alternative textuelle ne contient pas toutes les informations qui viennent dans l’image. On a pris la décision dans la refonte graphique d’éviter au maximum de mettre du texte dans les images pour éviter ce genre de problème. Avoir une alternative textuelle pertinente, des fois, ce n’est pas si évident que ça, surtout quand on a beaucoup de texte comme on voit sur l’image de gauche. On a des images plus claires, des images qui servent à 90 % pour la décoration, et uniquement de la décoration, et qui ne sont pas porteuses d’informations. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « C’est une question qui va s’adresser à toi, Matthieu, côté Dartagnan. C’est des choses qu’on peut entendre quand on discute avec nos clients autour de ces sujets-là. Finalement, parce qu’on est dans le marketing, il ne faut pas l’oublier. Est-ce qu’on peut créer un e-mail accessible sans faire de concessions sur la partie design ? »

Matthieu Karolewicz (Dartagnan) : « La réponse est oui, on peut faire des e-mails accessibles sans faire de concessions sur le design. On l’a vu, l’accessibilité, c’est essentiellement venir apporter du contenu supplémentaire qui va être interprété par les outils qui aident à l’accessibilité comme les liseuses, par exemple. C’est-à-dire définir des textes qui vont expliquer le contenu d’une image. Côté design, finalement on a très peu d’impact. Les impacts, côté design, ça va être plutôt le choix des couleurs, le contraste, faire attention au contraste, faire attention à la lisibilité. Ce ne sont pas des contraintes qui vont venir altérer le design. D’autant plus qu’avec Dartagnan, on a déjà un certain nombre de fonctionnalités qui vont nous aider, en partie aussi faire les choses de manière automatique. Globalement, avec Dartagnan, quand on va concevoir son e-mail, il va y avoir les points importants de venir à chaque fois bien définir les textes alternatifs pour les visuels, pour les images, les attributs title pour les liens, par exemple. On va devoir définir aussi la hiérarchie des titres pour les textes. Et le point le plus important, c’est surtout de privilégier l’utilisation de texte, l’élément texte, et d’éviter, comme le disait Matthieu, d’intégrer du texte directement dans les images. Encore une fois, ça ne sera pas interprété par les liseuses. Pour ça, on a l’élément texte, on a aussi l’option d’utiliser l’élément arrière-plan et de venir, par-dessus, intégrer les textes HTML pour éviter les problèmes d’accessibilité. Et ensuite, les deux autres points qui sont traités automatiquement par la plateforme, c’est l’identification automatique de la langue du document. C’est un point qu’il faudra potentiellement vérifier à la fin, mais Dartagnan va identifier la langue utilisée et l’intégrer dans le HTML et l’intégration d’attributs “role”. C’est un point très technique, cet attribut “role” pour les tableaux qui sont utilisés dans le code HTML pour la compatibilité avec Outlook notamment. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Ok, alors, prise de conscience, défi, plan d’action, action. On vient de voir des exemples concrets et au final, quels sont les résultats concrets que vous avez pu observer chez vous ? Alexia, peut-être, pour commencer ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Le premier résultat concret, c’est déjà le fait qu’on se soit remis en conformité, qu’on soit devenus partiellement conformes et qu’on est aujourd’hui aux alentours de scores à 67 % et 62 % de conformité, en tout cas sur nos sites principaux, ce qui n’était pas le cas quand on a commencé. C’est une première petite victoire, en tout cas en interne, même s’il y a encore du chemin à faire. Et c’est vrai qu’en résultat concret observé, on observe en tout cas la fierté pour les équipes qui ont travaillé sur le sujet, voir que tout le travail qu’elles font, qui n’est pas toujours évident, paye. Et aussi, on a déjà eu des retours clients rassurés du fait qu’on prenne en compte ces sujets et qu’on se positionne dans une démarche d’amélioration continue sur ce sujet. »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Et côté SNCF Connect, en résultat concret depuis l’audit qu’on a eu sur nos e-mails en 2023 : j’en ai parlé un peu avant, mais ça a été la refonte graphique et de reprendre encore plus ces sujets d’accessibilité dans l’ensemble du projet, et le traiter dès le début. Et ensuite, depuis la mise en production de cette nouvelle charte graphique sur nos newsletters, on observe concrètement moins de retours des équipes d’accessibilité qui, avant, à chaque fois qu’on avait un retour client, remarquait quelque chose qui n’était pas conforme dans nos e-mails, ouvrait un ticket et ne manquait pas de nous envoyer un petit message Teams. Là, concrètement, on en a beaucoup moins et on attend la fin de l’année où on va lancer un nouvel audit qui sera fait par l’équipe accessibilité, par des personnes en situation de handicap, sur l’ensemble de nos newsletters pour valider ce ressenti. On a l’impression qu’on a moins de retours, mais on aimerait bien le valider avec eux. On va relancer un nouvel audit fin 2025. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « J’entends 67 %, nouvel audit, ce qui veut dire que finalement le 100 %, c’est compliqué d’y arriver. J’imagine que vous avez des démarches continues. Si on se projette un peu dans le futur, quelles sont vos prochaines démarches d’accessibilité ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « En termes d’objectifs en interne, on s’est fixé un 90 % de conformité à l’horizon de 3 ans. Dans les prochaines actions, beaucoup de nos équipes France qui travaillent sur pas mal d’évolutions sur le site Babilou, à la fois sur une refonte de la charte graphique web. Le but, c’est de pouvoir proposer un design accessible sans avoir un mode contrasté et avec toutes les évolutions qui vont arriver prochainement, il est planifié en fin d’année un contre audit pour s’assurer qu’au-delà de ne pas perdre des points d’accessibilité, on en gagne, parce que maintenant, il y a des bonnes pratiques qui ont été intégrées dans la démarche dès la conception. C’est toujours poursuivre nos actions de sensibilisation sur ce sujet, parce qu’on a plein de collaborateurs qui nous rejoignent, qui ne connaissent pas forcément le thème de l’accessibilité numérique, et donc c’est profiter chaque année de la Semaine européenne de l’emploi pour les personnes en situation de handicap. On fait plein d’animations pour parler de ce sujet spécifiquement. »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Chez SNCF Connect, les prochaines étapes, ça va être de continuer de faire de la formation. On en parlait tout à l’heure, chaque personne arrivant dans l’équipe CRM sera toujours sensibilisée, aura toujours cette étape de formation. C’est quelque chose qu’on souhaite maintenir. Et on en a aussi parlé tout à l’heure de ce nouvel audit sur nos e-mails par les équipes accessibilité pour aller vérifier et checker qu’on est le plus conformes possible sur cette nouvelle charte graphique. Sans peut-être atteindre les 100 %, on va voir si on a au moins amélioré le score. On va continuer de travailler sur Dartagnan pour ça. »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « Il faut savoir qu’effectivement, l’e-mail, c’est un peu le parent pauvre des audits d’accessibilité. Normalement, les e-mails n’étaient même pas pris en compte dans les audits d’accessibilité qu’on faisait. On a pris parti de les mettre, quitte à ce que ça nous casse certains critères, que juste un e-mail nous casse certains critères qui seraient ok sur l’application ou sur le site. Mais c’était justement pour prendre conscience et travailler dessus. On décide de repasser les e-mails à l’audit en fin d’année parce qu’on a cette notion, parce qu’effectivement, on n’est pas non plus infaillibles. Il faut tout le temps, tout le temps, faire attention à ce qu’on fait. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Je vous entends parler d’audit. Une petite question : est-ce qu’il y a un bon rythme d’audits une fois qu’on a lancé des projets d’accessibilité ? Est-ce que c’est une fois par an ? Ou alors ça dépend vraiment des projets de chacun ? Tu peux la prendre, celle-là ! »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Si, je vais répondre ! En société de conseil, on recommande au moins une fois par an, dans cette démarche. Parce qu’il y a un cadre légal avec le schéma pluriannuel où on a trois ans pour améliorer l’accessibilité et être le plus conforme possible. On va travailler avec les équipes de nos clients pour mettre des points d’étapes. On recommande minimum un audit et donc un contre audit. Si on peut en faire deux, c’est quand même bien. Idéalement deux. Si on en fait plus, c’est très très très bien aussi. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Très bien. On approche tout doucement de la fin de cette table ronde. Peut-être une dernière question. Alexia, Thibaut, Matthieu, si vous aviez une ou deux recommandations à faire pour quelqu’un qui veut lancer un vrai projet d’accessibilité, j’ai envie de dire, quel serait-il ? »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Si je devais en dire qu’une seule, ce serait d’inclure dès le début toutes les parties prenantes du projet pour ne pas faire du sujet de l’accessibilité numérique, juste un sujet technique, un sujet réservé aux développeurs. Mais d’intégrer les ressources humaines, d’intégrer le marketing, la communication, les équipes fonctionnelles. Pour que chacun se parle, prenne conscience du sujet… Et aussi porter le sujet au plus haut niveau de l’entreprise finalement, du top management, pour en faire un vrai projet d’entreprise qui fait sens. »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « De mon côté, c’est peut-être une recommandation pour les équipes CRM qui voudraient se mettre à jour sur l’accessibilité, en tout cas sur la partie newsletter. Déjà, ça ne coûte pas si cher. C’est beaucoup de bon sens et de formation des équipes, d’ajouter des balises, de concevoir son e-mail avec un peu plus de bon sens. Il faut également s’entourer de bons outils. On utilise Dartagnan. Ça fait déjà 90 % du job, je pense, d’utiliser Dartagnan et d’avoir un code propre qui répond déjà à une bonne partie des problématiques. »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « Sans ça, ça peut faire peur au début parce qu’effectivement ça peut donner l’impression d’avoir beaucoup de sujets qui sont techniques. Il y a aussi énormément de sujets qui sont à la main du contributeur. La pertinence des textes, les textes courts, le formatage du texte, plein de choses qui ne sont pas du tout techniques et qui sont vraiment à la main du contributeur. Même en amont de l’intégration, quand vous avez un rédacteur, mettre le focus sur la question de ne pas faire de trop grands textes, de condenser… Tout ça, ce sont des choses qui ne sont pas du tout techniques et qui ne peuvent pas être faites en amont et qui ne coûtent pas très cher à prendre en main. Et aussi, ne pas hésiter à se faire accompagner par des experts en accessibilité. Parce que parfois on a des faux amis en accessibilité : on se dit, je vais faire ça parce que j’ai l’impression que ça va être plus accessible, mais en le faisant, ça va créer un autre problème pour un autre type d’utilisateur. Donc, se faire accompagner, ne pas avoir peur, c’est très simple, et faire preuve de bon sens. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Le bon sens : c’est le maître mot de l’événement. Merci à tous. Je pense qu’on a pas mal de questions auxquelles on a répondu en live. On va peut-être en sélectionner une ou deux. La première : “Existe-t-il un outil qui permet d’analyser l’HTML de nos e-mails et de tester l’accessibilité ?” Qui veut répondre ? »

Matthieu Karolewicz (Dartagnan) : « Je peux commencer ! À ma connaissance, je n’ai pas d’outil dédié pour l’e-mail, en tout cas pas encore. Récemment, on a un de nos clients qui utilisait un plugin Chrome. Un autre que ceux qui ont été présentés tout à l’heure par Mathieu. C’était axe DevTools, si tu connais. Il semblait bien fonctionner également. L’idée, c’est d’ouvrir l’HTML de l’e-mail dans son navigateur et d’utiliser un plugin du navigateur pour vérifier l’accessibilité de l’e-mail. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Après, j’ai envie de dire qu’il suffit d’utiliser Dartagnan. »

Matthieu Karolewicz (Dartagnan) : « Effectivement, en utilisant Dartagnan, on peut gagner un peu de temps ! »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « C’est vrai que ça reste une page web. Donc, on peut l’analyser avec tous les outils. Ce dont il va falloir faire attention, c’est dans la résolution des problèmes. Il y a beaucoup de résolutions de problèmes qui peuvent passer par du JavaScript ou ce genre de choses qui ne sont pas du tout pris en compte dans le contexte e-mail. Donc, on peut utiliser n’importe quel outil pour analyser l’HTML de son e-mail. C’est dans la résolution derrière que ça peut changer. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Une autre question : “Avez-vous vu un impact sur le chiffre d’affaires ou les chiffres, comme la communication plus inclusive ?” »

Thibaut Bouvet Jouis (SNCF Connect) : « Je veux bien prendre la question. On n’a pas vu un impact direct sur le CA ni sur un taux de clic ou sur un taux d’ouverture. Mais du coup, c’était dans le cas d’une refonte graphique. Donc, on avait beaucoup de changements. Ça serait dur de chiffrer les améliorations ou un impact qui serait dû à l’accessibilité de celui d’une refonte graphique. Là, j’ai peu de chiffres à avancer dessus. »

Matthieu Bonnet (SNCF) : « Si je peux me permettre, on n’entre pas dans une démarche d’accessibilité pour faire plus de chiffres. Ce sera une conséquence éventuelle peut-être. Mais on entre dans une démarche d’accessibilité pour ouvrir notre contenu à plus de gens, et éviter de laisser sur le chemin certaines personnes. S’il y a un impact positif sur le CA, ce sera une conséquence. Mais il ne faut pas que ce soit l’objectif. L’objectif, ce n’est pas ça. L’objectif, c’est d’inclure le maximum de personnes dans nos communications. »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Si je peux aussi, en relation à ce que vous avez dit au début, le fait d’avoir moins de retours de votre équipe access fait aussi que c’est positif. C’est en interne, on ne le voit pas forcément. Je suis totalement d’accord avec toi aussi, c’est que l’on propose un contenu à tout le monde. Mais en interne, quand on a moins de retours, c’est toujours positif. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Une dernière question peut-être ? “Comment convaincre en interne la nécessité d’avoir des supports numériques accessibles ?” »

Alexia Nicolas (Babilou) : « Je pense que ça va peut-être dépendre de vraiment plein d’entreprises et de la sensibilité du projet d’entreprise de chacun. C’est vrai que chez Babilou, c’était une évidence qu’on ne pouvait pas laisser ce sujet à côté parce qu’on est une entreprise à mission, parce que l’inclusion, c’est hyper important pour nous. Et quand on voit le nombre de personnes qui sont en situation de handicap et que potentiellement, on ne met pas à disposition pour eux de l’information, ce n’était pas envisageable. Je pense qu’il faut vraiment se dire avec son top management de former une team un peu solide pour dire qu’on y croit, que c’est important. Au-delà d’être une obligation légale, il y a aussi l’image, derrière, qu’on renvoie et on ne peut pas s’en passer aujourd’hui. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « On parlait de responsabilité collective. C’est exactement ça. Que ce soit les entreprises, les décideurs et puis après toutes les équipes. Sinon, ça n’a pas de sens.
Une dernière question. “Toutes les entreprises sont-elles concernées par la conformité ? Rappel des secteurs concernés.” »

Mathieu Bouillot (Warren Walter) : « Alors, d’un point de vue bon sens, je dirais oui. Et oui, bien sûr, parce qu’on travaille pour tout le monde, quelles que soient les origines, la culture, le handicap, n’importe qui. Et il y a aussi le contexte légal. En France, on a un contexte légal pour le moment où ce sont les entreprises qui font 250 millions de chiffres d’affaires qui doivent faire de l’accessibilité. On a les stats à peu près sur le CAC 40, donc les 40 plus grosses entreprises françaises, deux tiers font de l’accessibilité, donc elles font de la conformité. Elles ne sont pas à 100 %, mais en tout cas, elles montrent qu’elles font de l’accessibilité. Et un tiers ne le fait pas, donc elles payent des amendes. Donc ce n’est pas énorme quand on fait 250 millions de chiffre d’affaires, elles vont payer 25 000 euros, mais déjà on a à peu près les stats là-dessus. Ça va changer en juin avec de nouveaux secteurs qui vont être pris en compte, notamment le secteur assurances et banques, qui vont devoir faire des sites et des applications accessibles, et le montrer aussi, c’est ça qui est intéressant aussi, c’est de prouver qu’on fait de l’accessibilité, donc en faisant des déclarations d’accessibilité, des audits, etc., qu’il faut montrer aux utilisateurs et aux utilisatrices qu’on fait de l’accessibilité. Il y a d’autres secteurs aussi, le secteur du streaming est aussi concerné par la nouvelle loi qui arrive en juin. Il y en a en tout 6 ou 7 qui ont été ajoutés. »

Nicolas Guillen (Dartagnan) : « Très bien, on arrive à la fin de la table ronde. Merci d’avoir posé vos questions, bien évidemment on reste disponibles et joignables si vous avez d’autres questions autour de ce sujet, ou d’autres sujets en particulier. N’hésitez pas à nous contacter. Merci beaucoup, merci à tous. Thibaut, Mathieu, Matthieu, Matthieu et Alexia. Merci beaucoup pour cette table ronde. Chers auditeurs, j’espère que vous aurez eu plein de tips autour de ce sujet qui, encore une fois, est un sujet essentiel, et donc on compte sur tout le monde pour travailler dans ce sens-là. Merci à tous, à très bientôt pour un nouveau live. Au revoir. »

[Sources des chiffres : Consilium (Conseil européen), Netz Barriere Frei, Independant.io, Email Markup Consortium.]


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